Il
y a 40 ans tout juste -vous avez dû voir passer ça hier, on ne parlait que de
ça- Simone Veil alors Ministre de la Santé faisait un discours admirable d’intelligence,
à l’Assemblée Nationale pour présenter une loi pour légaliser l’avortement. A l’époque,
l’IVG était alors interdite par une loi répressive permettant à la police d’aller
jusqu’à consulter les dossiers médicaux des femmes arrivant à l’hôpital et
ayant admis avoir eu recours à un avortement clandestin ! #nanmaisalloquoi
Mais en réalité, comme elle le dit si bien au cours de son discours, la loi,
malgré ces tentatives de poursuites, était d’une hypocrisie rare car tout le
monde savait bien que les avortements clandestins étaient légion… et tuaient
des milliers de femmes chaque année.
J’avais
envie d’écouter ce discours que je n’avais jamais entendu et j’ai été bluffée
par la justesse de ses propos. J'ai été frappée par le sens des mots, la mesure, le choix des
phrases, la justesse, l’intelligence, la vérité, de bout en bout.
Je
l’ai trouvé en deux parties ici :
et
là :
Dans
ce dernier passage, elle dit des choses avec lesquelles je suis
particulièrement d’accord et dont j’avais envie de parler :
« Je le dis avec toute ma conviction, l’avortement
doit rester l’exception, l’ultime recours pour des situations sans issue. Mais comment
le tolérer sans qu’il perde son caractère d’exception, sans que la société
paraisse l’encourager ? »
Et
aussi :
« Aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à
l'avortement. Il suffit d'écouter les femmes. C'est toujours un drame
(applaudissements) C'est toujours un drame. Cela restera toujours un drame."
Sauf
que parfois, non ce n’est pas un drame.
J’avais
envie de rebondir sur ce point en partageant une découverte qui m’a stupéfaite
: certaines femmes peuvent se faire avorter jusqu’à 5 fois de suite, sans
changer leurs (mauvaises) habitudes de (non) contraception. Moi qui pensais
qu’un avortement servait forcément quelque part de « leçon », qu’après ça,
forcément tu fais plus attention, même si un second accident peut complètement
arriver et pas qu’à des femmes non éduquées… là je suis restée sans voix.
C’est avec ma cousine anesthésiste que j’en parlais et je ne voulais pas y croire quand elle m’a dit ça : « Certaines femmes viennent pour leur 4eme, 5eme et parfois 6eme avortement. Elles savent qu’il y a cette option, elle s’en foutent, on a beau leur expliquer quoi faire, ca ne leur fait ni chaud ni froid » Je n’ai pas voulu y croire et force détails plus tard, j’ai bien du comprendre que oui, pour certaines, l’avortement est un « confort ». C’est un sujet que je n’ai jamais vu traité nulle part, comme si mentionner ces cas revenait à remettre en cause le droit à l’avortement dans son ensemble.
Certains
avortements sont appelés « de confort » par les réacs quand il ne s’agit
pas d’un cas extrême : ils estiment sans doute qu’il y a toujours des
solutions. Moi je ne suis pas de ceux-là, et ce n'est pas de ça que je parle: je ne parle pas de confort quand
on avorte pour le simple fait de ne pas vouloir l’enfant (pas le bon moment,
pas le bon partenaire), mais quand vraisemblablement, on compte sur l'avortement comme sur la pilule du lendemain.
Car
bien sûr, car on doit pouvoir avoir le choix, que l’on ait 17 ans, 30 ans, que
l’on soit ou non mariée, que l’on ait ou pas déjà des enfants. Toutes
les femmes doivent pouvoir choisir.
Il
me parait évident qu’une femme qui sera « forcée » de garder un
enfant verra sa vie d’abord plombée au plan moral, affectif, mais aussi
économique et autre. Une grossesse non désirée peut faire basculer une vie. Combien de jeunes filles
n’ont pas pu poursuivre leurs études à cause d’une grossesse non désirée ?
Combien de femmes sont mortes en essayant d’avorter clandestinement ? Combien
ont été rejetées par leurs familles car elles étaient tombées enceinte hors
mariage et/ou étaient mineures ? Combien de femmes chaque années -encore aujourd’hui-
mettent toutes leurs économies dans un voyage pour aller avorter en Angleterre
ou en Hollande ?
Là
ça soulève la question des conditions d’avortement en France ou encore aujourd’hui
(!!!) des sites internet sont mis en ligne soi-disant pour vous aider alors que
leur objectif est de vous convaincre de ne pas le faire quand il ne s’agit pas carrément de
vous faire perdre du temps pour être hors délai ? Ou encore
aujourd’hui des médecins vous mettent des bâtons dans les roues, vous
culpabilisent en faisant un vrai parcours du combattant ?
C’est
un autre sujet mais il n’est pas moins grave. Moi ce que je voudrais dire ici c’est
que nous avons ce droit précieux, régulièrement remis en question, mis à mal,
appliqué de travers…
Donc,
toutes les femmes doivent pouvoir choisir, mais… Comment peut-on se servir de l’avortement
quasiment comme de moyen de contraception ?
C’est
quand même un acte lourd. On n’est pas forcément secouée, ou émue, on peut le faire
sans avoir aucun doute, mais ne serait-ce que par la lourdeur du processus
physiologique, la lourdeur des démarches, la lourdeur des suites physiques
parfois, une fois subit, on devrait quand même se dire « plus jamais »,
non ? Alors comment peut-on sortir d’un -voir plusieurs- avortement, sans
changer de comportement, sans faire hyper attention ? Comment peut on
arriver à 6 avortements ?
Le système, on le voit chaque jour, est fragile : manque de moyens, de personnel ; les centres d’avortements ont été 130 à fermer en 10 ans ! Et tandis que des femmes galèrent sérieusement après un accident de préservatif, ou pire, un viol, parfois à la limite du délai légal, avec des médecins faisant traîner le dossier… d’autres femmes mobilisent des équipes parce qu’elles ne se responsabilisent pas ?
Encore une fois, je ne parle pas d’accidents mais bien de profils de femmes qui ne prennent pas les mesures nécessaires pour réduire le risque de grossesse. A qui on a beau expliquer en consultation ce qu’il faut faire, qui ne prendront pas la pilule pour autant, préférant s’en remettre au système dans un grand égoïsme et -c’est mon avis- un mépris profond pour celles qui en ont vraiment besoin, connaissent un accident de parcours, ou prennent la décision difficilement.
Le système, on le voit chaque jour, est fragile : manque de moyens, de personnel ; les centres d’avortements ont été 130 à fermer en 10 ans ! Et tandis que des femmes galèrent sérieusement après un accident de préservatif, ou pire, un viol, parfois à la limite du délai légal, avec des médecins faisant traîner le dossier… d’autres femmes mobilisent des équipes parce qu’elles ne se responsabilisent pas ?
Encore une fois, je ne parle pas d’accidents mais bien de profils de femmes qui ne prennent pas les mesures nécessaires pour réduire le risque de grossesse. A qui on a beau expliquer en consultation ce qu’il faut faire, qui ne prendront pas la pilule pour autant, préférant s’en remettre au système dans un grand égoïsme et -c’est mon avis- un mépris profond pour celles qui en ont vraiment besoin, connaissent un accident de parcours, ou prennent la décision difficilement.
Comment
faire pour les éduquer ? Moi ça m’hallucine.
Toutes
les femmes devraient pouvoir choisir… Mais toutes les femmes devraient aussi
se responsabiliser. Parce que ce n’est pas léger et que comme partout, la
prévention vaudra toujours mieux que l’action à postériori.
Alors,
merci Madame Veil : chérissons ce droit, défendons-le et surtout,
faisons-en bon usage.
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