Attention,
séquence émotion. Ce blog je l’ai imaginé pour partager mes découvertes et
infos précieuses, mais aussi pour pouvoir y déposer mes propres doutes et
émotions sous forme de posts, avec à terme, qui sait, une communauté de maman
avec qui échanger et qui me répondra… #entraide #solidarite #etc
Et
là j’en ai vraiment lourd sur le cœur. J’étais dans le métro, sans ma fille
pour une fois, gardée par son papa (pour une fois - bis), quand une mendiante
est entrée, pieds nus, dans le wagon, avec une petite fille dans les bras.
Scène
malheureusement courante dans le métro parisien, qui jusque-là ne m’émouvait
pas trop, mais me mettait plutôt en colère. Je pensais surtout « Envoie tes enfants à l’école, le métro c’est
pas un lieu pour eux ! », je secouais la tête, de rage, de ne
rien pouvoir faire, fâchée contre ces mamans qui -sans peut être avoir le choix
même si je pense qu’on l’a toujours dans une certaine mesure- condamnaient leur
enfant à une vie de misère comme la leur, sans doute coincées dans une
communauté écrasante pour laquelle aller demander de l’aide à une association n’est
pas une option.
Bref,
je ne m’attendais pas à un changement de sensation aussi radical.
Il
faut bien savoir qu’au-delà de la grossesse et de son potentiel hormonal
explosif, après l’accouchement, l’hyper sensibilité reste, ainsi que pendant l’allaitement
et sans doute encore après.
En
un mot : une fois que tu as toi-même un bébé, ton rapport aux enfants et
aux bébés en général change ; tu te retrouves à pleurer comme un veau
devant un film ou à sentir ton menton trembler à la lecture d’un article sur
les conditions de vie des enfants réfugiés dans les pays en guerre, bref, la
larme devient facile.
Ma
nouvelle sensibilité et moi-même avons donc dû faire face à ce duo mère-enfant
qui s’est assis en face de moi dans le métro. La petite fille, environ 10 mois,
s’est soudain mise à pleurnicher, se tortiller puis menaçait de franchement
pleurer, sur les genoux de sa mère, pieds nus et en guenilles, donc.
Son
visage s’est un peu crispé, ce bébé pleurant avant même de réaliser que c’était
par faim, le temps que passent dans ses yeux tout plein d’expressions. Et là,
soudain, de mon coté, les larmes. Montée des eaux incontrôlable : mes yeux
se sont emplis de larmes devant le visage de la petite fille et son regard. La
même expression que quand ma fille à moi à faim. Les mêmes yeux naïfs,
innocents et purs, inconsciente de sa situation : juste un bébé.
Cette
petite fille n’était plus rien d’autre qu’un simple bébé qui a faim.
Pas une
rom, pas la fille d’une mendiante, juste un bébé. Un être sensible, confronté à sa vie.
Comme
un miroir en face de moi, ça m’a retournée. Rien que de l’écrire, j’ai la gorge
qui se serre.
Je
ne sais pas si ça vous ai déjà arrivé, mais je n’avais jamais été bouleversée
comme ça.
La
mère lui a alors enfoui la tête sous son pull, la petite fille a tété -comme la
mienne le fait- et sa tête est ressortie du pull quelques minutes après, un air
plus serein sur son visage poupin. Satisfaite sans la moindre idée de sa
situation. Juste un peu repue, comme la mienne après avoir tété. Juste un bébé.
La
mère s’est alors mouchée dans ses doigts avant de s’essuyer sur sa jupe. J’ai sorti
un mouchoir et le lui ai tendu. Erreur. Elle m’a alors apostrophée à coup de « Mademoiselle, argent, bébé » etc…
Je n’ai pu que lui faire un « non » franc de la tête. Car je sais que
derrière ces mamans il y a des systèmes quasi mafieux et organisés. D’ailleurs,
habituellement, les enfants utilisés pour mendier dans la rue sont drogués pour
somnoler toute la journée…
C’est
sans doute pour ça que ça m’a retournée : là ce n’était pas le cas. J’ai
vu une étincelle réelle dans les yeux de cette enfant, des regards qu’on ne
croise pas habituellement, les petits étant à moitié endormis contre l’adulte
assis sur le trottoir.
Retour
dans le métro : la mère a ensuite utilisé le mouchoir avant de le jeter
par terre dans le wagon.
Ca
m’a permis de me ressaisir en me disant que je ne pouvais pas changer ni sauver
le monde, ni le gens. Mais je suis restée très longtemps avec le cœur lourd, et
les yeux de ce bébé qui a faim sont restés gravés dans ma mémoire…
Comment on
fait quand on est maman pour continuer sa journée après ça ? C’est encore
plus dur qu’avant d’ignorer la détresse de ces petits êtres L Faut-il chasser
l’idée de sa tête aussi vite que possible ? Sinon quoi à part écrire ?
En parler ? Sachant que ca ne changera rien ?
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